« Tu me donnes ta jambe ? » { PV Y.Kimitaka }

Dès que l'élève qui avait aidé Yoo He à porter Yokota jusqu'à l'infirmerie soit parti, Yoo He s'assit sur une chaise près du lit où l'élève de Geobuk attendait que l'infirmière, qui était occupée ailleurs, vienne le voir. Aussitôt, son regard se porta sur sa jambe endommagée. « Tout est de ma faute », se lamenta-t-elle. « Si je n'avais pas masqué ses yeux pour lui faire une surprise, il n'aurait pas dévalé les escaliers... et sa jambe ne serait pas... pas... » ses mots furent étranglés par d'autres sanglots. En reniflant, l"élève de Yunikon porta un mouchoir à ses yeux rouges et gonflés par toutes les larmes qu'elle avait versé sur le chemin. Elle se moucha bruyamment et jeta son mouchoir juste à côté de la poubelle. Comment cela avait-il put arriver si vite ? Il y avait la seconde où Yoo He se précipitait sur Yokota qui se promenait joyeusement et celle d'après où il s'était retrouvé allongé en bas des escaliers, le regard plein de souffrance.

Et c'était de sa faute. Si elle s'était contentée de l'espionner comme elle le faisait d'habitude, il ne serait pas tombé ! Elle pensa à ce que lui avait dit son père : il ne fallait jamais qu'elle fréquente des élèves de Geobuk car ils lui attireraient des ennuis. En attendant, c'était plutôt elle qui attirait des ennuis à Yokota... et si tout ça venait à s'ébruiter à travers Akiwa, elle pouvait être sûre que son père lui ferait passer un sale quart d'heure. La jeune femme se vit devant son père qui la regarderait avec déception... et se dit qu'il ne fallait surtout pas que des professeurs rapportent à son père qu'elle avait porté malheur à la jambe de Yokota. D'ailleurs, qu'est-ce qu'avait la jambe de Yokota ? En recommençant à la regarder, Yoo He se mordit la lèvre. La culpabilité la submergea encore, mais elle parvint cette fois à ne pas éclater en sanglots ; au lieu de cela, elle pensa à ce qu'elle avait lu dans un livre : « Ne pense pas au problème mais pense à la solution », marmonna-t-elle. Tout problème était possible à éradiquer ! Elle plissa les yeux sous la concentration et se mit à réfléchir. Soudain, une idée magnifique lui vint à l'esprit : oui, voilà comment elle allait réparer son erreur ! En sautant de sa chaise, celle-ci s'écria :

« Puisque tout cela est de ma faute... je sais quoi faire ! Si ta jambe est cassée ou même si elle est empoisonnée, alors je ferai de même pour la mienne ! Et même si on en venait à devoir te l'amputer, alors je me la couperais aussi ! T'amputer la jambe... oh non, ne me dis pas que c'est si grave ! Pauvre de toi... Et dire que tu as perdu une jambe à cause de moi... pense-tu que l'on puisse donner une jambe à quelqu'un ? En y ajoutant des poils, ça ressemblera peut-être à une jambe d'homme ! Oui, quelle bonne idée ! J'irai chercher si un sortilège de ce genre existe !! Et quand je t'aurai donné ma jambe, j'organiserai un somptueux enterrement pour ta jambe... la jambe qui t'avait accompagnée de ta naissance jusqu'à aujourd'hui, sans te quitter une seule miliseconde... un compagnon irremplaçable ! étreinte par l'émotion une nouvelle fois, Yoo He se moucha et jeta son mouchoir dans la poubelle qui déborderait bientôt. Je te jure que ce sera un enterrement à la hauteur de ta jambe... la mienne ne remplacera jamais vraiment la tienne, c'est sûr, mais au moins, tu pourra continuer à faire du Quidditch, de la course à pied et même du toboggan ! En gros, tu vivras comme avant ! »

Problème réglé ! ...encore fallait-il qu'elle trouve un sort ou une potion capable de faire ce qu'elle désirait. Mais comment ? ...oh ! Ses amis devraient savoir quoi faire : la première personne qui lui vint à l'esprit fut son Unnie. Elle irait la voir dès que possible pour lui demander si elle pouvait donner sa jambe à quelqu'un d'autre... jugeant son idée brillante, Yoo He sourit de toutes ses dents. Cette journée ne finirait peut-être pas si désastreusement. Soudain, mettant fin à ses réflexions, son estomac se mit à gargouiller. « J'ai faim... et toi, tu veux manger quelque chose ? ...tiens ! Des chocogrenouilles, ça te dis ? » demanda-t-elle à Yokota. Dans l'immédiat, c'était tout ce qu'elle pouvait faire. La sorcière sortit une dizaine de chocogrenouilles de sa poche et les étendit sur le lit du patient. Puis, elle attendit qu'il daigne en prendre une pour en manger.

*Kimitaka souffrait en se demandant encore ce qu'il faisait là. Il n'avait pas compris ce qu'il s'était passé tellement tout est allé vite. Ou vaguement. Il se rappelait qu'il marchait, sans Kimchi pour une fois, pour rejoindre son frère et sa sœur près du lac. Il se rappelait aussi qu'il s'apprêtait à descendre des escaliers et que tout d'un coup, Yoo He, la folle de Yunikon qui le suivait partout, avait masqué ses yeux. Il se rappelait enfin que, reconnaissant la voix de la jeune fille, le sixième année avait dévalé les marches de l'escalier plus vite que prévu. Et qu'il semblerait avoir loupé une marche... Comme c'était idiot de finir ainsi à cause d'une marche manquée. Ou plutôt à cause d'une Yunikon folle à lier. On ne masque pas les yeux des gens qui s'apprêtent à descendre un escalier! Surtout pas de ceux qui ne veulent pas vous croiser!*

*Kimitaka n'avait jamais vraiment compris l'attirance de Yoo He à son égard. Il savait juste qu'elle le suivait partout, comme un stalker, et que quand elle arrivait à le coincer, elle lui posait des questions bizarres. L'aîné des Yokota pensait que c'était à cause de son statut de sang mêlé : ayant un père moldu, il en connaissait plus sur le monde moldu que les sangs purs. Et il savait que certains sangs purs pouvaient se révéler de véritables passionnées pour ce monde. Mais bizarrement, elle ne lui avait jamais posé des questions sur ses origines moldues, ni ce monde si particulier d'ailleurs. C'était justement pour ça, qu'il ne comprenait pas l'attirance de Yoo He pour lui. Elle ne pouvait pas être amoureuse, quand même! Pas de lui : il ne comprendrait pas pourquoi. Et puis, il ne l'espérait surtout pas!*

*La troisième année s'assit à côté de son lit d'infirmerie une fois qu'il fut installé et que le garçon qui les avait chaleureusement aidé fut parti. Elle se mit alors à se lamenter et Kimitaka ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Oh! Il était là, quand même! Pas la peine de parler de lui à la troisième personne du singulier! Ça aurait même sympa de l'intégrer à sa conversation personnelle! Le Geobuk n'essaya pas de la consoler. Oui, c'était sa faute. Et il était pour l'instant passablement en colère. De toutes façons, elle était un vrai yoyo d'après ce qu'il avait déjà pu voir d'elle : elle passait du rire aux larmes en quelques secondes. Et c'était justement ce genre de caractère que Kimitaka essayait d'éviter : on ne sait jamais comment les prendre.*

*Mais il fallait avouer que ça faisait un bon petit moment qu'elle pleurait sur son sort. Tout le long du chemin jusqu'à l'infirmerie, elle n'a cessé de pleurer. D'ailleurs, ça avait sérieusement agacé Kimitaka et l'autre élève car pendant qu'elle pleurait, elle ne se concentrait pas sur ce qu'ils faisaient pour accéder à l'infirmerie le plus vite possible. Le Geobuk s'était même excusé en un regard auprès du garçon. Enfin tout ça pour dire que même s'il n'avait pas l'air futée, elle semblait tout de même être une gentille fille. C'était une chose qu'on pouvait d'ailleurs difficilement lui enlever.*

*Yoo He jeta son mouchoir et rata la poubelle mais ne s'en soucia pas. Devait-il dire à la jeune fille d'aller le ramasser pour le jeter correctement? Elle semblait suffisamment abattue pour que Kimitaka la laisse tranquille. Surtout qu'à chaque fois qu'elle regardait sa jambe, elle manquait à chaque fois d'éclater en sanglots. Il était vrai que la jambe de l'aîné des Yokota avait un drôle d'angle. Et que ça faisait vraiment mal. Le sixième année détourna le regard de son membre cassé. Il souhaitait se concentrer sur autre chose que la douleur. Il observa un instant l'infirmière, occupée avec un autre élève. D'ailleurs, celui-ci avait quoi, sur le visage? C'était affreux! Puis, il tourna à nouveau son attention sur son accompagnatrice quand celle-ci marmonna quelque chose. La solution au problème? Kimitaka ne voyait que l'infirmière et un antidouleur en solutions. Mais pas la jeune fille.*

*A son idée, il pensa sincèrement l'arrêter.Mais il avait beau ouvrir la bouche, il n'arrivait pas à placer un mot. Devait-il l'assommer pour qu'elle se taise et l'écoute? Elle ne disait vraiment que des bêtises. Empoisonnée? Mais elle n'est pas empoisonnée, cette jambe : elle est cassée! L'amputer? Et puis quoi encore! Ils étaient dans une école de magie et l'infirmière était plus que compétente. Et en quoi ça l'aiderait qu'elle se coupe la jambe? Un don de jambe? Se rendait-elle compte qu'elle ne débitait que des âneries? Un professeur entendant cela aurait les cheveux dressés sur la tête. Un enterrement de sa jambe? Kimitaka respira profondément. Rester calme. Surtout, rester calme.*

*Une fois sa liste de choses incongrues à faire finie, c'est à dire le don de sa jambe et l'enterrement de celle de Kimitaka, et une fois qu'elle eut retrouvé un large sourire, elle demanda s'il avait faim. Il roula les yeux : il avait plus mal que faim actuellement. C'est bizarre, on ne comprenait pas pourquoi. Une fois qu'elle eut enfin sortit une dizaine de chocogrenouilles et qu'elle se soit finalement tut pour qu'il prenne une, il put lancer de façon neutre :*

« Ton idée est totalement stupide. »

*Ce n'était pas la colère, juste une constatation. Enfin si, quand même un peu de colère. Elle lui avait tout de même cassée une jambe! Et plutôt que de se rendre utile, voilà qu'elle disait des choses définitivement saugrenues et qu'elle étendait des chocogrenouilles sur son lit, réduisant l'espace de sécurité pour sa jambe, c'est-à-dire l'espace qui permet à ce qu'on ne bouscule ou touche pas sa jambe par inadvertance. Si elle continuait à être aussi excitée, énervée, il y avait de fortes probabilités pour qu'elle touche sa jambe sans le faire exprès et qu'elle lui fasse mal.*

« Deux choses : retire ces chocogrenouilles de mon lit et cesse de prévoir un don de jambe inutile. »

*Peut être était-il un peu sec. C'était même fort probable. Mais actuellement, Kimitaka n'arrivait pas à être gentil : la jeune fille ne s'en rendait sans doute pas compte, mais elle commençait à jouer sérieusement avec ses nerfs déjà à vifs à cause de la blessure.*

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