Tiens donc. Qu'est-ce que Ryu faisait en compagnie de Hyo Ni ? Marchant tranquillement en compagnie de ses amies, serrant ses bouquins contre elle, la brunette se pencha légèrement sur le côté tout en plissant les yeux (comme si elle était persuadée qu'en faisant ça ça ferait comme des jumelles) ; depuis quand se connaissaient-ils tous les deux d'abord ? Surprise, mais surtout curieuse, la vélane s'approcha en toute discrétion, se posant sur un petit muret pas loin. Pas de souci à se faire, elle était cachée par la végétation mais pouvait tout entendre sans même avoir à tendre l'oreille. En même temps, faut dire qu'ils gueulaient. Quel sujet pouvait bien les mettre dans cet état de rébellion totale ? Leurs fiançailles non-désirées et non-discutables, évidemment. Ce qui décrocha un sourire à la belle alors qu'elle faisait signe à ses amies de s'approcher pour venir s'asseoir près d'elle : tant qu'à faire, faisons profiter tout le monde de leur attitude de gosses de dix ans.

Oui, Hwangminnie était au dessus de tout ça : elle savait qu'elle ne pouvait rien faire contre la décision de sa mère et du père du japonais. Et puis, au final, toutes les femmes devaient bien se marier avec un homme, non ? Alors à quoi bon chercher lequel serait le mieux. La fin est toujours la même. Et non, elle ne ressentait aucune honte à ce que ses proches entendent son fiancé parler d'elle comme un vulgaire déchet. Bien au contraire, ça l'amusait encore et toujours : le brun avait juste la haine. Il devait endosser l'échec de son père et la tristesse de sa mère. Son paternel n'avait pas pu vivre son histoire d'amour correctement et l'imposait donc à son rejeton. Et lui, de son côté, il refusait d'y attacher la moindre importance et de faire la moindre effort envers la race de créatures qui avait détourné son papa du droit chemin. Peut-être qu'il y avait effectivement de la magie dans tout ceci, mais Monsieur Ryu, très bon magicien, avait sans doute sombré de son plein gré. Mais ça, le petit ne pouvait pas encore l'accepter.

Il voulait lui lancer un sort impardonnable ? Qu'il ne se gêne pas. Son géniteur ne lui parlerait sans doute plus jamais pour avoir fait une telle connerie : tuer la fille unique de la femme de sa vie était la plus grosse erreur que son propre fils unique pouvait faire. Sans aucun doute. Et ça, mademoiselle Choi ne le savait que trop bien. C'est aussi un peu pour ça qu'elle était aussi confiante et passait son temps à le faire chier quand elle le croisait. Mais il faut dire que, souvent, il était dur à trouver : il savait bien éviter les gens, c'était une autre chose dont la sino-coréenne était sûre. Inspirant finalement, la vélane se leva avant de passer ses bouquins à Soo Rin : "Tu peux les ramener à la salle commune pour moi soorinnnie s'il-te-plaît ? Je dois parler à l'autre boulet. Une petite envie de foutre la merde dans sa petite vie de roi" ; avec un fin sourire aux lèvres, la demoiselle partie aux toilettes pour se refaire une beauté : ou disons plus simplement qu'elle vérifiait que sa barrette en forme de papillon tenait toujours aussi bien dans ses cheveux et qu'elle était toujours aussi irrésistible que d'habitude. C'est bon, elle passait. Elle ajouta cependant un rapide coup de rouge à lèvres très clair, juste histoire de bien redessiner sa bouche. Pourquoi s'occupait-elle autant de son image ? Simple envie d'être toujours au top, en particulier avec ses ennemis. Elle fonctionne à l'envers et elle le sait. Offrant un sourire à son propre reflet, comme si elle communiquait avec et se lançait "allez, allons lui casser les couilles", elle tourna sur elle-même. Parfait, elle était en position de force. Sans plus attendre, elle ressortie des toilettes. Pile au moment où le brun décidait de retourner vers son quartier général, s'éloignant, seul. Sautant sur l'occasion, HwangMin le suivit silencieusement jusqu'à la zone réservée aux ineo. Et maintenant ? Maintenant, elle attaquait.

"Plutôt sympa le sort que tu me réserves. J'aurais le droit à un bisou avant ?"

Quelle ironie. Elle arrêta de marcher, sachant pertinemment que Ryu allait se retourner vers elle (et sans doute lui gueuler dessus comme il avait l'habitude de le faire) Arborant toujours son fier sourire, elle lui fit un clin d'oeil. Allons, allons, ce n'était pas la peine de s'énerver pour si peu : le voilà déjà qui lui lançait de bien maigres répliques sèches et cruelles. Mais la vélane s'en fichait, cela ne l'empêcherait pas de continuer son agréable passe-temps : "Pour la robe du mariage, j'en ai vu une superbe ! Je te jure, tu vas halluciner en la voyant..." ; c'était risqué. Même très risqué. Le fait que Ryu soit encore proche de son père et qu'on soit dans un établissement scolaire étaient les seules choses qui la protégeaient de la mort. Sinon, elle serait déjà morte et enterrée depuis très longtemps. Depuis le premier regard qu'ils s'étaient échangé. Rempli de haine pour les deux camps. Jusqu'à ce que la brune s'en amuse et prenne du plaisir à pousser à bout le plus grand. Il fallait au moins que cela arrive une fois par mois sinon Hwangminnie devenait irritable. Simple principe. Alors qu'elle s'apprêtait à lancer un nouveau pique, elle se fit traîner dans la salle commune. Son bras serré par la main du japonais, elle leva un regard sombre vers lui : d'où se permettait-il de la toucher ? Non. Du calme. Ce n'était pas à elle d'entrer dans son jeu : à qui croyait-il faire peur en agissant comme ça ? S'humectant les lèvres, la demoiselle posa sa main sur celle de l'ineo, la lui caressant doucement en le regardant droit dans les yeux avec une certaine tendresse. Quel joli visage décoré de mensonges.

"Première fois que tu me touches, je suis toute émoustillée. Mais contiens-toi un peu, tu me fais mal et tu risques d'être précoce."

Le début de sa réplique pouvait tenir la route si on ne prenait pas en compte qu'elle mentait sur son ressenti. Elle n'était pas émoustillée. Si elle était quelque chose, c'était sans doute étonnée de le voir si agressif aujourd'hui. Les limites auraient-elles été dépassées ? En ce qui concerne la deuxième partie de sa phrase, elle était hors sujet si on se fiait à la réputation de son interlocuteur ; lui l'homme arrogant, dominateur, fier, froid et séducteur. Quelle blague si il était précoce. Néanmoins, la vélane n'avait aucune certitude à ce sujet-là. Et elle n'était pas non plus obligée de croire toutes les filles de cet établissement. Ce pourquoi elle avait de quoi se défendre. Mais, de toutes façons, il savait bien qu'elle disait toutes ces conneries juste pour le pousser à bout, non ?