*C'est tout un art, d'aller au toilettes à Akiwa. Qu'importe l'étage où l'on va, il y a toujours des miroirs. Ils vous laissent tranquille au début, quand vous allez vous soulager, mais dès qu'il faut s'approcher d'eux et se laver les mains, il est quasi-certain que vous aurez une réflexion de leur part. Elle pourra être un commentaire bateau, comme le temps qu'il fait dehors, un commérage, sur l'allure, l'haleine ou le succès avec le sexe opposé de telle ou telle personne, un compliment, comme ils doivent surement en sortir à Kim Hyo Ni, ou une insulte.*

*Cette fois, c'était Kimitaka qui s'y colla, et ce, malgré lui. Après avoir déjeuner avec son frère et sa soeur, il était parti aux toilettes pour affaires personnelles (on ne va pas vous donner les détails en plus! ><) avant de se diriger vers son prochain cours. Comme d'habitude, le début se passa bien. Ce n'est que lorsqu'il ouvrit un robinet pour se laver les mains que les choses se mirent à parler, faute de bouger, enfin bref, à empirer.*

« Bon sang mon garçon on voit tes pooores ! »

*S'indigna à voix forte le miroir auquel Kimitaka faisait face. On peut dire que ils ont l'art d'être agréables. Les autres miroirs firent de petits bruits de désapprobation. Évidemment! Il n'y avait personne d'autre dans les toilettes avec qui les miroirs pouvaient discuter. Comme il était le seul, tous les miroirs s'étaient très vite intéresser à lui et à sa peau. L'un d'eux même lança :*

« Et on doit supporter ce genre de chose à longueur de journée. Vraiment, un peu de respect! »

*Ça c'était la meilleure! Un miroir insultant qui demandait du respect. Quand on veut du respect, on devrait d'abord en donner! Mais Kimitaka s'abstint de ce genre de commentaire et se contenta de soupirer tout en continuant son action. Ça ne servait à rien de se prendre le bec avec un miroir. Surtout pour ce genre de choses. Ça n'en valait pas la peine. Après s'être lavé les mains, il se mit de l'eau fraiche sur le visage.*

« Mais pas comme ça voyooons! Pas aussi brutalemeeeent!  »

*S'indigna de nouveau le miroir en face de lui. Kimitaka releva la tête pour voir le reflet de son visage dégoulinant et légèrement surpris. Comment ça, pas comme ça? Il n'essayait pas de faire quoique ce soit pour améliorer son état. Avant que le miroir ait pu enchainer sur quoique ce soit, Kimitaka dit de manière machinale et d'une voix monocorde :*

« Sumimasen »

*Le fait de parler japonais les faisaient généralement se taire. Ils comprenaient rapidement que la communication n'était pas possible, soit par problème de compréhension de la langue, soit par volonté. Mais le miroir devant lui ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire, cette fois.*

« Il est vrai que l'eau froide est bénéfique pour les pores, mais tu devrais tout de même mettre une lotion ou une crème. Et puis, tu as l'air fatigué, ce n'est pas bon non plus. »

*Bon sang! Heureusement qu'il avait une heure d'avance pour son prochain cours. Il semblait que le miroir souhaitait lui en donner un avant sur le soin de la peau. Tandis que son interlocuteur réfléchissant continuait à citer tout ce qu'il pouvait faire pour ses problèmes de peau, Kimitaka sortit son mouchoir en tissu, le déplia d'un geste et l'appliqua sur son visage pour s'essuyer. Il resta quelques secondes la tête dans son mouchoir, soupirant une nouvelle fois, tandis que le miroir continuait à lui parler de potions révolutionnaires, aidé de temps à autre par un de ses homologues. Mais pourquoi restait-il à les écouter. Car bien que c'était d'une oreille distraite, il les écoutait tout de même. Lui même ne trouvait pas la réponse à cette question alors qu'il réfléchissait toujours la tête dans son mouchoir.*

*La patience est une qualité précieuse, mais le silence également.*



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HS :
Code langage :
- Japonais
- Coréen

Mimiko avait finit les cours il y avait de cela a peine dix minutes, qu'elle se trouvait déjà a errer dans les couloirs, cherchant désespérément, encore, la bibliothèque. Elle ne savait pas comment cela pouvait bien être possible, mais elle se perdait encore régulièrement dans cette école qui lui était encore étrangère. Certes, elle parlait le coréen avec plus de facilité que certains de ses camarades japonais, mais elle ne devait cela qu'à son amour pour les livres, pour le savoir. Et de toute façon, avec le nombre incroyable d'amis qu'elle avait, comment aurait-elle pu faire autrement ? Lire et aller en cours étaient ses seules occupations, les seules qu'elle apprécia en tout cas. Car marcher des heures durant, dans les couloirs ou dehors, regarder les autres rire et vivre leur vie, n'était pas un passe temps particulièrement passionnant. Car en plus de lui filer le bourdon, cela ne servait strictement a rien, si ce n'est a se faire du mal. Inutile donc.

Elle marchait donc tranquillement, les couloirs étant vide a cette heure ci, car ceux qui n'étaient pas en classe, s'amusait tranquillement dehors. Comme elle aurait aimé, elle aussi, pouvoir rire, flâner, avec des amis. Mais elle devait se contenter de ce qu'elle avait. Lâchant donc un soupir, elle mit davantage d'ardeur a se sortir de ce labyrinthe de couloirs pour se rendre dans ce lieu, favoris entre tous après son lit, la bibliothèque. Mimiko la trouvait d'ailleurs respectable, certes, la plupart des ouvrages étaient en coréen, mais cela ne la chagrinait pas plus que cela, ces nouveaux murs avaient au moins le mérite de lui faire oublier ses mésaventures passées.

Mais comme le dit si bien le proverbe, toutes les bonnes choses ont une fin, et cette quiétude si appréciée fut bien rapidement révolue. Car alors que Mimiko marchait tranquillement, vêtue de son uniforme bleu qu'elle appréciait tant, ses cheveux noirs encadrant son visage de porcelaine, des voix se firent entendre. Féminines, légèrement nasillardes, s'exprimant en japonais. Autant dire que la jeune japonaise avait autant envie de se frotter a ses deux là que d'embrasser le cul d'un scrout a pétard, qui se trouve d'ailleurs, merlin seul sait où...Bref, là n'était pas la question. Accélérant le rythme de ses pas, la jeune élève des muneo s'engouffra dans la première porte qui se présentait a elle, filant tout droit, sans même regarder où elle se dirigeait. Et c'est ainsi qu'elle ouvrit la porte portant l'inscription « garçon » au lieu de celle qui menait aux toilettes réservés a son sexe. La tête baissée, pour dissimuler son visage, elle ne vit même pas l'inscription.

Fermant la porte en hâte, les mains contre le bois, pour éviter toute intrusion. Elle se rendit compte que la pièce n'était pas vide en entendant des miroirs argumenter sur la meilleure potion anti pores dilatés. Se retournant précipitamment, faisant tomber ainsi ses livres, elle vit un jeune garçon, le visage perdu dans un mouchoir, semblant peut être vouloir mettre fin a ses jours devant pareil discours...

« Désolée... »

La jeune japonaise, qui venait de s'exprimer en coréen, ne reconnaissant pas l'élève qui relevait lentement le visage...

« Je... »

Reconnaissant un des élèves de son ancienne école, elle termina en japonais...

« ..Ne voulais pas te déranger.... »

*Kimitaka entendit le son d'une porte qui s'ouvrit et se referma à la hâte. Sans aucun doute la porte d'entrée des toilettes des garçons puisqu'il était seul avec les miroirs. Et les miroirs ne pouvaient ni ouvrir, ni fermer les portes, à ce qu'il sache. Enfin! Enfin quelqu'un! Quelqu'un de presser apparemment vu l'utilisation faite de la porte mais quelqu'un pour faire diversion au sujet actuel quand même. Parce qu'il n'y a pas, ça fait un petit moment qu'il avait fini par décrocher : comment voulez-vous comprendre toute cette liste de motions avec tous ces mots coréens? Donc oui, il ressentit un étrange bonheur l'envahir à cette arrivée. Sauf que la voix qui s'éleva n'était pas celle d'un homme. Naaaaan, z'êtes pas sérieux quand même là, si? Une fille dans les toilettes des hommes? Une fille osant la rumeur répandue par les miroirs qu'elle se trouvait dans les toilettes des hommes? Kimitaka n'en croyait pas ses oreilles. Et comme il ne croyait pas ses oreilles, il leva les yeux pour avoir confirmation. Et les excuses finirent en japonais. Lorsqu'il la reconnu, Kimitaka écarquilla les yeux. Tanaka Emiko. Pas possible. Pendant une seconde complète, le cerveau de Kimitaka fit quelque chose de très bizarre : bien qu'il se soit mit en mode "off", tous les souvenirs de la précédente école et de ce qui s'y passait revinrent à la surface. Tanaka Emiko, la victime d'ijime. Une étiquette pareille, ça vous colle à la peau, surtout toute l'école était complice de ce genre de chose. Oui, même lui : pour ne pas l'avoir aider, de peur qu'on s'en prenne à son frère et à sa sœur.*

*Kimitaka revint à la réalité quand il reconnu le mot coréen "pore" dans la discussion des miroirs, mot qui revenait souvent à vrai dire. Bon sang! Les miroirs étaient encore en train de parler de ça! Devant elle!! Les joues du japonais rosirent d'un seul coup. La honte! Pris de panique, Kimitaka tenta de les faire taire en lançant sèchement et en balançant ses bras, et donc son mouchoir, dans tous les sens pour que les miroirs le remarque :*

« URUSEI!... YAMETE!... ano... STOP! »

*Le Geobuk n'arrivait pas à se concentrer. Comment demandait-on d'arrêter en coréen? Trou noir. Son cerveau n'en était encore qu'au démarrage. Alors il fit la première chose qui lui passa par la tête : il se rua vers le miroir fautif de cette discussion, lui accrocha à la va-vite son mouchoir aux extrémités supérieures afin qu'il le recouvre entièrement et lui plaqua sa main à travers le mouchoir sur ce qu'il aurait aimé être sa bouche. Cela fit taire les miroirs qui se demandaient sans doute qu'est ce qui lui prenait d'agir de la sorte. Mais il se rendit compte après coup que cela le fit passer pour un impulsif et un demeuré auprès de la Muneo. Après être passé au rouge, il devint donc blanc. L'impulsivité n'était peut être pas la bonne attitude à adopter face à une fille qui a subit des persécutions pendant des années. Il retira alors subitement sa main, se redressa et baissa les yeux tout en se tournant vers Emiko, incapable de les relever vers elle.*

« anoooo.... Gomen. »

*dit-il d'un ton désormais craintif et en s'inclinant un peu. C'était sûr, cette fois, elle allait partir en courant. Il resta incliné une ou deux secondes avant de réfléchir à un truc. En fait, s'il était elle, il se serait enfuit pour deux choses : d'abord pour lui, et ensuite parce qu'il se trouvait dans les toilettes des garçons et qu'il risquait fort d'y avoir une rumeur à ce sujet si elle restait plus longtemps. Il se releva alors, en levant les yeux vers elle cette fois et dit avec douceur et un petit sourire d'excuses aux lèvres:*

« ano, peut être devrait-on sortir d'ici. »

*Il agrandit brièvement son sourire puis récupéra son mouchoir en le détachant dans le calme. Il pris son sac et finit par accourir pour aider Emiko à ramasser ses affaires à terre. S'il s'en sort sans passer pour un fou à lier, ce sera un miracle.*

Un léger sourire vint effleurer les lèvres de l'élève de Muneo en voyant Yokota-san bouger dans tous les sens dans l'espoir, un peu vain il est vrai, de faire taire ces satanés miroirs coréens. Mais bien qu'un peu importuns, ces miroirs, vu qu'il y avait les mêmes dans les toilettes des filles, faisaient souvent sourire l'élève de Muneo, qui appréciait de pouvoir parler avec eux quelques instants, rompant ainsi sa vie quelque peu monotone. Regrettait-elle l'ijime ? Non, il ne fallait tout de même pas pousser, elle préférait qu'on la laisse tranquille, avec des vêtements secs, voire des vêtements tout court... Emiko refoula rapidement tous les souvenirs de son ancienne école, le visage de Yokota-san qui se fermait chaque fois qu'elle allait avoir des ennuis, avant de s'en aller, était maintenant rouge de confusion. Il...Il avait honte devant elle. Mais le plus étonnant, e fut ce qu'il fit ensuite, il s'excusa....

« Anoooo...Gomen »

Elle n'en croyait pas ses oreilles, et si ses livres n'étaient pas déjà au sol, elle les aurait de nouveau lâché. Non pas qu'elle soit si peu dégourdie que cela, non, mais cela lui semblait si étrange venant de la part d'un japonais. Qu'il s'incline devant elle et s'excuse. Elle en resta bouche bée quelques instants, il y aurait eu ds mouches qu'elle aurait fait le plein de protéines pour quelques mois...
Tout cela semblait irréel, aussi secoua-t-elle doucement la tête alors qu'il se redressait, avec un léger sourire aux lèvres. C'était-elle endormie en cours ? Cela n'était il qu'un rêve ? Quelqu'un qui lui parlait comme...Bin comme à un être humain en fait.
Elle joignit doucement les mains, ne sachant pas trop comment réagir, les yeux brillant, se retenant de pleurer. Oui, la situation était absurde, voire totalement loufoque, mais elle était heureuse.

« ano, peut être devrait-on sortir d'ici. »

Et c'est avec cette phrase qu'elle revint sur terre, oui, elle était dans les toilettes des garçons, et si elle voulait qu'on la laisse tranquille, sans rumeurs salaces a son sujet, elle ferait mieux de déguerpir...

« Hai ! »

Ajouta-t-elle avec un léger hochement de la tête. Mais alors qu'elle se baissait pour ramasser ses livres éparpillés sur les sol, une sensation étrange l'envahie alors que Yokota-san l'aidait. Il y avait certes là la proximité entre elle et un corps masculin, foutues hormones... Mais le fait qu'il était venu l'aider y contribuait également, elle se sentait comme mal l'aise, ayant chaud tout d'un coup...Étrange. Mais elle décida de chasser ces pensées de son esprits en récupérant ses précieux ouvrages.

« Arigatō gozaimasu »

Se redressant doucement, son visage se tourna doucement vers la porte, et elle se souvint de ses voix nasillardes, désagréables au possible qui l'avaient contrainte a venir chercher asile ici. Et le vil serpent de la peur refit son apparition.

« Demo... »

*A vrai dire, Kimitaka ne s'était absolument pas rendu compte de la réaction de la Muneo face à son comportement. Il ne pensait pas que ce qu'il avait fait était si extraordinaire que ça. Au contraire. Il pensait que depuis qu'ils étaient arrivés ici, Tanaka-san avait finit par apprendre à communiquer normalement avec les autres, notamment les coréens, même s'il la voyait toujours beaucoup dans ses livres. Et puis, s'excuser quand on se comporte mal, c'est normal. D'accord, elle n'a sans doute pas eut beaucoup d'excuses quand elle était victime d'ijime. Il ne s'est d'ailleurs jamais excusé de ne pas l'avoir aidé, de peur qu'on le voit lui parler, mais c'était censé être une chose courante. Surtout maintenant qu'ils n'étaient plus dans cette fichue école.*

*Donc non, il ne la vit pas bouche bée, ni en admiration devant lui. Bien sûr, il la vit secouer doucement la tête, mais il pensait que cela voulait dire : « ce n'est rien. ». Il la vit aussi joindre ses mains avec ses yeux brillants, mais il pensait que c'était par pudeur dû à l'endroit. Se retrouver dans les toilettes des garçons en étant une fille ne devait pas être plaisant, voire humiliant. Ce qui devait sans doute rappeler à la Muneo ses années de persécutions. N'importe qui ayant ce genre de souvenirs serait près à pleurer devant n'importe quelle situation embarrassante, Kimitaka y croyait dur comme fer. Mais il ne vit rien d'autre. Il ne sentit pas non plus d'hormones quand il l'aida à ramasser ses livres. Il se sentit juste... bizarre : c'était le première fois qu'il pouvait l'aider sans craindre pour ses frère et sœur.*

« Douitashimashite. »

*Répondit-il simplement avec un sourire aux remerciements de la jeune fille une fois que les livres furent tous ramassés et rendus. Puis, il se releva également. Pas de gestes brusques, de peur qu'elle se rétracte et se referme sur elle même. Voilà à quoi pensait Kimitaka : à ne pas lui faire revivre le temps de leur ancienne école. Lorsqu'elle se tourna vers la porte, le Geobuk était prêt à partir de la pièce en la laissant passer en première. Mais quand elle hésita, le garçon ne comprit pas.*

« Demo te... »

*Répéta-t-il doucement, incrédule d'entendre ce genre de protestation dans ce genre de situation. Voulait-elle rester ici? Dans les toilettes des hommes? Et que tout le monde se moque d'elle, comme dans l'ancien temps? Kimitaka ne comprit pas les hésitations de Tanaka-san. La meilleure chose à faire était plus qu'évidente : sortir. Alors pourquoi hésitait-elle? Maintenant que l'aîné des Yokota y réfléchissait, pourquoi était-elle entrée dans les toilettes des garçons? Il avait toujours supposé jusqu'ici qu'elle s'était simplement trompée de porte. Mais si elle ne voulait pas sortir, c'était que ce n'était pas ça. Essayait-elle donc de fuir quelque chose? Ici? A Akiwa? Impossible qu'elle soit à nouveau victime d'ijime, n'est-ce pas? Ce serait véritablement un mauvais coup du sort. Peut être fuyait-elle un garçon dans ce cas. Mais se cacher ici peut être une grosse erreur si ce garçon décide d'aller se soulager avant un cours. Finalement, Kimitaka ne savait pas ce qu'il se passait. Le mieux, c'était encore de demander. Il s'avança vers elle, la regardant avec des yeux interrogatifs et demandant :*

« Qu'est-ce qu'il y a? »