Pourquoi fallait-il que ces sales gosses fassent la foire dans la salle commune ce jour précis?

Soo Rin paraissait peut-être distraite en cours et légèrement déjantée, mais en réalité, le soir venu, elle se plongeait dans ses livres et révisait jusqu'à ce que le couvre-feu passe. Ensuite, elle se rendait au cinquième étage, vers la salle commune des Yongwang, et attendait Eun Min pour leurs escapades nocturnes. Mais aujourd'hui, tout allait de travers. Entre les premières et les secondes années qui fêtaient la fin de leurs examens et qui provoquaient un boucan d'enfer dans la salle commune et le match de Quidditch entre les Geobuk et les Ineo, elle ne savait plus où aller. Le rapport entre ses révisions et ce match? Il est simple; la bibliothèque est devenu le lieu des paris par excellence, et il était impossible de s'y entendre parler, alors pour ce qui est d'y réviser... Enfin, elle n'aimait pas se retrouver seule dans une salle de classe, à cause de sa claustrophobie. Donc, une solution: l'extérieur, mais de préférence dans un endroit calme. Elle se mit à tous les lister pour trouver le lieu idéal.

Le cimetière? A rayer. Un cimetière n'est jamais calme la nuit. Entre ceux qui s'amusent à aller fouiller dans les tombes, ceux qui jouent à se faire peur et les fantômes eux-mêmes qui sortent de leurs cercueils pour aller se visiter les une les autres, on peut comprendre que ce ne soit un endroit aussi reposant. Non pas que Soo Rin ait peur, au contraire... C'est juste que cet endroit est beaucoup moins paisiblement morbide qu'il en a l'air.
Le lac? Elle n'aimait pas l'eau. Oui, c'est vrai, elle était dans Atlantis, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir horreur de l'eau ou des animaux marins, quelque qu'ils soient...
Une seule solution restait. Un endroit calme, où peu de gens allait, et tellement bucolique... Le toit.

Soo Rin monta les étages jusqu'au quatrième, où elle elle croisa certains Geobuk, qui auraient souhaité l'emmener faire la fête avec eux. Elle déclina gentiment la proposition en montrant ses livres et ses cours de défense contre les forces du mal. Après cette conversation passée et la promesse d'une fête dans la salle commune des Yunikon, elle monta jusqu'au cinquième. A sa grande surprise, personne n'était dans les parages... Enfin bon, même si elle le regrettait, cela lui permit d'avancer plus vite vers la tour d'observation et de monter les escaliers.

Ces escaliers, qui mène à la salle d'observation des animaux et au toit, sont fait dans du verre incassable et à cette heure de la nuit, les animaux marins sont attirés comme des aimants par sa douce lumière. De plus, pour mieux en ''profiter'', les murs ont également été fait de la même matière. Un endroit haï de notre Yunikon, car la transparence de l'endroit lui faisait croire qu'elle marchait dans l'eau, et elle détestait cela. Heureusement qu'elle n'avait pas emmené Hitsuji, car il partageait la même peur de l'eau que sa maîtresse. Le connaissant, il se serait enfui de ses bras en la griffant au passage, et elle aurait encore passé la nuit entière à le chercher. De plus, elle avait sorti cette excuse tellement de fois à Jimmy qu'elle savait qu'il ne serait pas tolérant ce coup-ci. Donc, elle l'avait laissé dans sa chambre, ignorant les miaulements suppliants et les têtes de chat battu qu'il lui avait fait.

En arrivant à la porte, elle sortit difficilement sa baguette de sa poche et alluma sa baguette. Elle l'ouvrit et posa ses livres. Mais étrangement, elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna et vit une personne assise contre le garde-fou, regardant l'eau noire à travers le dôme qui séparait l'académie de l'océan. Soo Rin reconnut tout de suite Ryûji avec son uniforme aqua et se décida à lui faire une petite surprise. Ne l'ayant pas encore remarqué, elle s'avança discrètement derrière lui, en ne faisant aucun bruit ni ne tombant, ce qui est un petit miracle en soi. Elle s'agenouilla, mit ses mains et sa tête sur son épaule et lui dit:

''Ryûji-kun... Je ne te connaissais pas en romantique passionné par la faune marine...''

Pendant que Ryûji lui disait une bêtise qui avait le secret de la faire rire, elle avait le regard non pas fixé en face d'elle, donc de son ami, mais à sa droite, en direction de Léviathan. Même si elle ne disait rien et faisait comme s'il n'était pas là, elle ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver un profond dégoût envers cette chose rampante, même si elle ne lui avait encore rien fait. Elle remercia en pensée son ami quand elle vit qu'il éloignait d'elle; il avait compris qu'elle le détestait ou c'est juste que personne ne l'aime? Car il fallait être honnête: peu de gens avaient des serpents à Akiwa, car tout le monde sait qu'ils ne peuvent pas se promener sans certaines précautions et que de plus, ils ne sont pas réellement appréciés ici. Surtout quand ils sont verts...

Après cela, il se tourna vers elle avec ce sourire plutôt pervers mais tellement craquant dont il avait le secret. De plus, Soo Rin était aux premières loges, se trouvant à seulement quelques centimètres de lui... D'ailleurs, cette proximité la gênait quelque peu. Même si elle était amoureuse d'une autre personne, cela n'empêchait pas le fait qu'il lui plaisait et qu'elle s'était mise trop près de lui pour sa ''surprise''. Elle ne se dégagea pas pour autant, attendant une réaction de sa part – dans ce genre de situations, elle aimait bien jouer avec ses nerfs... Sauf que sa réaction ne fut pas du tout celle à laquelle elle pensait. Elle se résuma à une question, qui fut:

''Et toi, tu es une romantique dans l'âme qui attend son prince charmant?''

Et vlan! Prends-toi ça dans les dents!

Soo Rin enleva ses mains et sa tête de son épaule et , avec un grand soupir, s'adossa au garde-fou à côté de lui. Question délicate, très délicate. Et qui avait le don de rafraichir l'ambiance d'un seul coup. Ce n'est pas qu'elle était romantique, mais lorsqu'elle est amoureuse, elle a tendance à s'accrocher trop à la personne, quitte à souffrir ensuite. Elle n'avait pas subi beaucoup de désillusions, mais en ce moment, elle répondait à cette question une phrase toute particulière. Cette phrase possédait deux sens, à chacun d'y trouver ce qui lui plaisait. A moins que Ryûji sache la vérité, il ne comprendrait pas ce que ça voudrait dire. Alors, elle répondit sans trop se poser de questions.

''Je n'y crois plus, tu y penses seulement quand tu es gosse... Ou alors, s'il existe pour de vrai, il serait sans doute gay!''

Son ami se tourna vers elle, les sourcils froncés. Ah... Elle comprit que finalement, ce n'était pas une chose à dire – ni à Ryûji ni à personne d'autre. Notre petite Yunikon, élève studieuse qu'elle est, se leva donc pour aller chercher ses livres restés vers la porte. Elle laissa tomber au passage son encrier, qui se fracassa et une petite balle. Cette balle décida de rebondir jusqu'au bord du toit, de franchir le garde-fou et de continuer à rebondir sur l'herbe du jardin, quatre-vingts mètres plus bas. Mais avant, elle atterrit à quelques centimètres du serpent, qui réagit directement en se levant. Soo Rin écarquilla les yeux, horrifiée, et alla rejoindre son camarade à petit pas – sa maladresse lui avait encore joué des tours ce soir... Elle regarda ses cours, son encrier cassé un peu plus loin et son livre de DCFM tâché. Même si elle allumait sa baguette, il faisait maintenant trop sombre pour lire; l'eau était devenue noire et il faisait donc aussi sombre qu'une nuit sur la terre, nuageuse et sans lune. Et puis, même si elle était gênée par la situation dans laquelle elle s'était fourrée, il fallait bien qu'elle trouve un moyen de s'en dépêtrer.

Lorsqu'elle vit son regard amusé par la réaction qu'elle avait eu – elle a l'habitude de marcher comme une petite souris après une bêtise – elle eut une idée. Elle leva les yeux vers lui et lui demanda avec un sourire innocent:

''Ryûji-kun... Je peux te poser une question? Pourquoi toi, tu te fiches de moi et du fait que je puisse croire en ces choses aussi cucul? Pourquoi toi, tu ne crois pas qu'un jour, tu puisses tomber amoureux? Maintenant, à toi de répondre...''

Bon, okay, ça faisait deux questions, pas une. Toutefois, le sourire de son ami et l'air amusé s'estompèrent, ce qui eut le don de la faire sourire encore plus. Elle n'était pas aussi sadique que ça, mais sa réponse pouvait être amusante...

''Je ne me fiche pas du tout de toi… Je ne crois pas en l’amour voilà tout. Et non, je doute fortement de tomber amoureux un jour. De toute façon, si tu veux mon avis, l’amour ne sert à rien mis à part nous faire souffrir.''

Soo Rin, ou comment glacer une ambiance déjà pas très chaleureuse...

Lorsqu'elle entendit sa réponse, elle comprit qu'elle l'avait vexé. Eh oui, elle savait qu'il n'aimait pas trop ce genre de discussions, sur et se doutait qu'elle venait d'arriver face à un mur infranchissable. La petite licorne décida de vite trouver un moyen pour le dérider un peu – après tout, tout ça était un peu de sa faute, non? Pour préparer son plan, elle observa sa cible, la tête penchée vers la gauche et les yeux légèrement plissés, se demandant comment faire pour alléger cette atmosphère plombante et accessoirement, détourner la conversation qui allait partir en sucette s'ils ne faisaient rien. Elle s'agenouilla, se planta en face de lui et commença à lui demander:

''Excuse-moi pour ce que... Oh merde, pas maintenant!''

La raison de ce brusque changement d'humeur? De légères vibrations venant d'un petit objet très connu du monde des moldus, et aussi de la plupart des sorciers, revisité à la sauce Choi. Oui, je parle bien du téléphone portable, cet objet dont vous ne pouvez pas vous passer... Soo Rin sortit le sien de la poche de sa jupe courte et l'alluma. Ne vous étonnez pas que le téléphone reçoive un message alors que le cellulaire est éteint, la miss avait créé un sortilège pour qu'il le fasse. Et non, elle ne vous dira jamais la formule, même sous la torture la plus extrême! Bref, le temps qu'il s'allume, elle resta dans la même position, se mordillant les lèvres d'impatience, et elle ne remarqua pas le regard plutôt insistant de son ami sur elle. Le message en question était de son compagnon de farces, Eun Min, qui lui demandait où elle était et si elle préparait déjà le petit ''spectacle'' pour les autres demain matin. Elle lui répondit - même si le réseau avait du mal à passer ici, on peut réussir à trafiquer toutes sortes d'ondes, vous savez... - que ce plan serait remis au lendemain, car elle n'avait pas pris sa cape dans son dortoir et qu'ils se feraient sûrement attraper par Jimmy sans elle. Ce n'est qu'après avoir fermé et éteint son portable qu'elle vit l'air incrédule de Ryuji, ce à quoi elle répondit en souriant:

''Ben quoi? Oui, les téléphones marchent ici! Tu devrais apporter le tien, ça pourrait t'être utile..."

Elle avait réussi à détourner leur conversation sur un autre sujet, Dieu merci! Parce que bon, elle et l'amour... Soo Rin était amoureuse d'une personne que tout le monde croyait homosexuelle, chose que elle-même pensait parfois. C'était un tel brouillard dans sa tête, qu'elle préférerait une bonne fracture au bras à cause d'un cognard – certes, ça faisait mal, mais seulement physiquement et moins longtemps – à cette situation compliquée et ambiguë. Finalement, elle trouvait que Ryuji et son entêtement à ne pas aimer était largement préférable à ses sentiments à sens unique.

Elle fut sortie de ses pensées par un bruit en-dessous d'elle, donc de la tour d'observation. Ils se levèrent d'un seul coup, en guettant le bruit qui se dirigeait vers l'escalier de verre. Quand elle tendit l'oreille, elle compris que le bruit ne provenait pas de pas. C'était moins net, plus... mou? Des ventouses?

''Dis, tu es prêt pour une retenue? Parce que c'est notre petit octopus préféré qui monte... A moins qu'en héros que tu es, tu trouves très vite une idée..."

Elle regarda sa montre et vit que l'heure du couvre-feu était largement passée... Qu'est-ce qu'il pouvaient faire pour se sortir de cette situation? Notre Yunikon glissa la main de son ami dans la sienne sans idée aucune derrière la tête et se dirigea vers l'ancienne tour de garde, que personne n'utilisait plus depuis... des décennies? Des siècles? Bref, ils allèrent dans cet endroit plutôt exigu pour se cacher de Jimmy. Jusqu'à ce que...

Pourquoi n'avait-elle pas tout simplement pris sa cape d'invisibilité? Cela leur aurait évité tout ces ennuis... Mais non, le jour où il la faut, Soo Rin l'oublie, comme par hasard! Oui, elle avait vraiment un très mauvais timing...

« J’ai une meilleure idée, je l’attire plus loin et tu files au dortoir; je te rejoins après. »

Hein? Des fois, il fallait vraiment qu'il joue les héros, même lorsqu'il était dans une impasse... Mais elle aimait bien ce trait de caractère qui faisait sa personnalité. Ou alors, était-ce parce que la tour était trop étroite à son goût? Il lui fit un petit clin d'œil plutôt plaisant, elle devait se l'avouer, avant de sortir et de se placer en face de la porte. Bon peut-être était-il héroïque, mais là tout de suite, il était franchement fou, en tout cas d'après Soo Rin.

La porte s'ouvrit et à ce moment, et tous les deux se mirent en action. De son côté, son ami tournait le dos à l'octopus, comme s'il n'avait rien remarqué. Elle sortit de la tour, ramassa son livre de DCFM qu'elle avait abandonné et marcha le plus doucement possible en direction de la porte. Pour l'instant, tout allait bien, elle ne s'était pas encore faite remarquer. Elle enjamba un tentacule avant d'arriver aux escaliers et passa tout près d'un autre. Elle descendit les marches le plus rapidement possible en regardant le sol, mais là se posa un problème. Vous souvenez-vous du fait que Soo Rin déteste tout ce qui se rapporte à l'eau? Disons dans dans ce cas, ça allait lui porter préjudice... Ou la mettre dans la merde, au choix. Bref, sous ses pieds se trouvait ce fameux escalier de verre haï aussi bien par elle que par son chat, et de nombreux animaux marins tournait autour de lui ainsi que de la tour d'observation. En portant un regard dégoûté sur un poulpe, elle ne vit pas la marche suivante et BOUM! Elle dévala le reste de l'escalier sur le dos. Arrivée en bas, elle ne put que constater les dégâts; une de ses chevilles commençait déjà à enfler. Et dire qu'elle ne portait pas de talons! Sa maladresse était démultipliée lorsqu'elle avait des ennuis; cette défaillance était d'un ridicule... Elle soupira et se leva malgré la douleur qui la lançait. Elle clopina jusqu'au seul endroit sombre de la tour, un petit coin vers les escaliers, pour ne pas se faire attraper. Elle avait gardé son esprit logique et elle était sûre que sa belle dégringolade des toits à cette salle avait dû alerter Jimmy, qui descendrait illico et peut-être sans Ryuji. Elle enleva sa chaussure et sortit sa baguette magique de sa poche en réfléchissant au sort qui servait à guérir ce genre de blessure. Le seul problème était dans le fait qu'elle n'était pas douée pour les sorts guérisseurs. Elle était la meilleure de sa classe en sortilèges – sans faire grand-chose – mais quand on se mettait à parler de ce genre d'incantations, elle ramait complètement. Elle rangea sa baguette, ne préférant pas infliger un autre type de douleur à sa cheville. Elle remit sa ballerine avec difficulté et se fit la plus petite possible en attendant que le poulpe ne débarque.

Quand on parle du loup... Elle vit les tentacules de Jimmy avant de voir sa tête, cherchant dans toutes les directions où pouvait se trouver le garnement qui traînait à cet endroit à une heure aussi tardive. Ryuji était derrière lui, marchant doucement... Avait-il réussi à ne pas se faire avoir?

Même en ne sachant pas ce qui se passait, elle tenta sa chance... Après tout, elle devait être un minimum téméraire puisque l'octopus avait souhaité la placer chez les Yongwang avant de choisir les Yunikon pour elle. Elle se leva en prenant ses précautions et attendit qu'ils soient à son niveau. Les yeux de Jimmy scrutaient la tour pour la trouver, mais lorsqu'elle vit ses yeux tournés de l'autre côté, elle prit Ryuji par la main et mit deux doigts sur ses lèvres.

Elle formula silencieusement: ''Je t'expliquerai..." et l'emmena tout en boitillant un peu plus dans le seul coin sombre de la tour, l'approchant un peu plus d'elle au passage – mais ça, elle ne s'en rendait pas trop compte...

Et dire qu'elle voulait que tout se passe bien... Rester tranquillement sur le toit avec Ryuji n'était pas pas trop demandé, non? Surtout qu'ils ne faisaient rien de mal, juste parler et – un peu – se taquiner. Mais bon, l'heure et la localisation du toit en avaient décidé autrement. Minuit, à l'embouchure de cet escalier situé tout près de la salle commune des Yongwang n'était pas une excellente idée, il fallait en convenir. Et la situation dans laquelle elle se trouvait était... dangereuse. Non pas dangereuse dans le sens où l'octopus était dans la même pièce qu'eux, mais dangereuse dans le sens où elle n'avait plus la totalité de ses aptitudes physiques, et aussi par la présence de son ami, un peu trop près d'elle. Oui, elle venait enfin de comprendre la situation dans laquelle elle s'était fourrée, et elle voyait aussi qu'elle allait sûrement empirer, quoiqu'elle fasse.

Même si Ryuji, avec son comportement héroïque et fonceur, avait tenté de la sauver de retenues supplémentaires, elle avait réussi à trouver le moyen de ne pas saisir sa chance et de se casser la figure, et le tout dans un état ni alcoolique, ni hallucinatoire, et elle ne portait rien qui ne pouvait nuire à son équilibre! Lorsqu'elle avait trouvé ce coin sombre entre les escaliers et la paroi de verre, elle s'était cru un instant sauvée. Il n'en était rien. Elle emmena son ami un peu plus loin jusqu'à rencontrer cette fameuse paroi. Notre Soomarin – comment son cousin avait pu réussir à l'affubler d'un surnom pareil alors qu'elle détestait l'eau? Elle se le demandait toujours... - déglutit plutôt difficilement et se retourna pour être nez à nez avec son camarade. Elle décela sur son visage une expression plutôt étrange; était-il concentré sur autre chose que sur la situation actuelle? En tout cas, il semblait regarder vers le bas, vers cette cheville qui commençait réellement à la lancer, comme s'il préférait se focaliser sur cette partie de son corps plutôt que sur autre chose... Soo Rin lui lâcha la main et il lui demanda ce qui s'était passé. Ah, oui... Que devait-elle répondre? Plusieurs propositions s'offraient à elle:

• Tout d'abord, il y avait le fameux mensonge, du genre ''Je ne l'ai pas fait exprès, je courais trop vite et j'ai trébuché!'' Oui, mais le problème, c'est qu'il n'y avait pas grand-chose pour tomber, ici. A part du verre, du verre, et... encore du verre, c'était assez vide ici. A éviter afin de ne pas passer pour une idiote.
• Ou alors, elle pouvait dire qu'elle avait fait du bruit pour le sauver lui, et faire une diversion. Énorme mensonge et, qui plus est, il ne plairait pas à Ryuji. Après tout, c'était lui, le héros et elle la jolie – ahem! - demoiselle en détresse qui se devait de fuir le – monstre? - poulpe.

Il y avait aussi une troisième solution, qui était tout simplement de dire la vérité. Même si cela allait froisser un peu sa fierté, car elle se doutait déjà que son partenaire allait se moquer d'elle, il fallait le dire. Elle inspira et dit donc, d'une voix faible, la tête baissée:

''J'aime pas les animaux sous-marins... J'ai eu peur de l'un d'eux et j'ai raté une marche. Ryuji, j'ai honte ...''

Et il y avait de quoi. En plus, elle se comportait comme une gosse qui venait de commettre une grosse bêtise et qui attendait avec crainte la réprimande de l'autorité paternelle. Bon, il était vrai qu'elle venait de faire une connerie, mais considérer Ryuji comme une force supérieure était un peu osé. Il s'était mis dans le même pétrin qu'elle, après tout... Soo Rin lâcha un soupir en se mordillant la lèvre. Elle commençait à avoir vraiment chaud dans ce petit espace. Trop proche de lui, couloir trop étroit... On pouvait même voir de la buée se déposer sur le coin de la vitre d'observation derrière elle. Pour agrandir cet espace, elle recula à petit pas jusqu'à avoir – trop vite – le dos colle à la baie humide. Elle entendit un faible rire de l'aqua, signifiant qu'il devait probablement se foutre d'elle, avant de se sentir définitivement piégée. Il était trop tard, beaucoup trop tard pour faire machine arrière maintenant...

Peut-être le bruit, aussi léger soit-il, avait réussi à l'alerter... Toujours est-il qu'un petit bout de tentacule de Jimmy, suivi du reste, fit son apparition à l'entrée de l'espace confiné où ils s'étaient terrés. Sans réfléchir, sûrement par réflexe, elle mit sa main dans le dos de Ryuji avant de l'attirer vers elle – la peur qu'il soit senti par les ventouses puis attrapé par la tentacule haïe de notre Soomarin... Toujours sans se soucier de ce qu'elle était en train de faire, elle se plaqua encore plus contre la vitre, positionna sa main libre derrière la nuque de son ami et mit sa tête dans son cou. Position ambiguë? Pour la Yunikon, là tout de suite, c'était plutôt une position de survie, aussi bien pour elle que pour lui, même si elle ne lui avait pas demandé son avis...